vendredi 22 mai 2009

MERCI


Il fallait y penser, mais il fallait un peu d’argent aussi, pour rendre le 111 boulevard Beaumarchais aussi prestigieux et original.

Je suggère donc un mode d’emploi à tous ceux qui souhaitent découvrir MERCI, un espace assez fabuleux :

1 – Pourquoi ne pas y aller un samedi vers 14h ? Asseyez-vous sur le banc public qui fait face à cette adresse et admirez ! A votre droite le côté café littéraire, à votre gauche le coin verdure et au centre l’allée qui mène à l’empire.
Pensez bien évidemment à regarder les piétons qui s’y rendent, mais n’oubliez pas le petit coup d’œil discret derrière vous ; taxis et voitures de luxe s’y arrêtent. Vous n’êtes pas à l’abri de croiser une personnalité. Soyez discrets, car vous ne voyez pas l’intérieur du café qui se trouve face à vous, en revanche les clients du « Used book café » vous voient eux !

2 – Passez, vous aussi, la porte cochère. Dans la cour, admirez le phénomène « Fiat rouge » à usage végétal, digne des jardinières de Mister Crocodile Harry à Coober Pedy … Egalement un univers à connaître si vous comptiez vous rendre au cœur de l’Australie, mais revenons à Paris...

3 – Après avoir monté les quelques marches, admirez l’entrée, le hall, cet espace de 1 500 m². Mais ne vous éparpillez pas, ou vous risquez d’y passer 2 heures ; or il est déjà 14h30 et vous n’avez pas encore déjeuné.

4 – Descendez au rez-de-jardin. Là encore il y a un risque : celui de contempler les innombrables objets pratiques, drôles, anciens, chinés, customisés, nouveaux, géniaux. Il faut faire la queue pour s’installer au restaurant. Ne soyez pas effrayés, les tables se libèrent rapidement, les gens ne perdent pas de temps à manger ici, le shopping les attend !

5 – A table ! Des sets recyclables sur lesquels sont inscrits inlassablement « merci », une carte ultra simple, des prix très raisonnables, des assiettes équilibrées remplies de couleurs et de saveurs. Des desserts au cas où le light vous démoraliserait et pour parfaire le tout : la vue sur le jardin.

6 – Maintenant vous pouvez choisir quel rouleau de serviettes vous allez prendre (comme du sopalin, les feuilles sont prédécoupées). Lin, coton, noir, bleu, kaki, bordeaux. Personne ne part sans son rouleau et sans dire merci !
Vous pouvez vous promener autour des objets qui vous séduisaient en arrivant. Levez la tête : un lit suspendu ! Regardez encore, vous apercevez les 3 étages ! Imaginez une ancienne fabrique de tissus et vous comprendrez mieux cet espace aux allures de loft.

7 – Montez et filez prendre votre café au « Used book café », ambiance chaleureuse et chargée d’histoires… Vous voilà au cœur d’une gigantesque bibliothèque aux livres d’occasion. Du sol au plafond, les murs en sont recouverts. Regardez dehors, côté rue, il y a quelqu’un sur le banc public ! Vous pouvez sourire, il ne vous voit pas…

8 – La visite n’est pas terminée. Traversez le rez-de-chaussée sans vous y attarder (vous le découvrirez au retour). Montez encore et repérez l’univers de la sape ; cherchez les griffes Stella Mac Cartney, Yves Saint-Laurent, Bonpoint, Paul Smith sur les cintres, entre les miroirs, les jeans, le rayon homme, le rayon femme. Sillonnez les allées, foulez cet ancien parquet, enfilez une paire de boots, si la paire exposée est à votre pointure !

9 – Reposez-vous ! Là-bas sur ce canapé immense que vous voyez côté déco. Alors ? Douceur, mollesse, bien-être, confort extrême, souplesse. Voici les mots qui vous manquaient, pour tous les autres canapés essayés jusqu’à ce jour et qui vous viennent en tête en posant votre fessier ici. Le miracle des plumes d’oie sur toutes les surfaces, excepté les accoudoirs.
Déchirez la page du bloc sur lequel figurent les références de l’objet convoité et gardez-le précieusement. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

10 – Découvrez votre bureau d’enfant, retrouvez le casier dans lequel vous mettiez vos livres, votre règle. C’est bien la même chaise que vous aviez (sauf si vous avez moins de 30 ans aujourd’hui) !
Attention aux souvenirs avec des objets aussi parlants, qui vous transportent en un coup d’œil trente ou quarante ans auparavant. L’école n’a pas toujours l’effet d’une douce réminiscence…

11 – Cherchez le prix de l’autruche, moi je ne l’ai pas trouvé. Il paraît que l’étiquette est dissimulée sous ses plumes !

12 – Il est temps de redescendre. Vous sentez ? Annick Goutal est passée par là en laissant ses senteurs à votre merci. Quel joli décor, quelle originalité ! Pipettes, flacons, un laboratoire fashion !

13 – A droite, un recoin adorable, une niche dans laquelle chacun pense découvrir des secrets. Voici la mercerie : boutons en pagaille, jouets d’enfants, pelotes de laine, perles, tulle, rubans, tissus de toutes les couleurs. Allez-y personne ne vous regarde, plongez votre main dans un des pots de boutons et sentez-les glisser sur vos doigts. On n’a pas dit voler, on a dit toucher !

14 – A gauche, une pente douce qui nous amène dans un tout autre univers. Chut ! Ecoutez-les chanter ! Avancez ! Vous les voyez à présent ? Tous plus éclatants les uns que les autres, des oiseaux aux couleurs féeriques voltigent dans leur cage. Vous voici au cœur des bois, on y sent la même humidité, on y trouve des bouquets dans les tons des sous-bois, du vert dans tous ses états, en mousse, en feuille, en tige, en fleurs. Monsieur Tortu ? Où ça ? Là ! Dans les bouquets !

15 – Retour au point 3, le hall, l’entrée, le point money, là où tout le luxe prend sa dimension la plus noble, la caisse ! Il faut payer vos articles et ne soyez pas étonnés de retrouver les mêmes dans les mains de la personne qui est devant vous, certains sont des incontournables, vous verrez bien lesquels.
Et qui dit encaissement, dit bénéfice et dit dons aux enfants défavorisés.
Et qui dit merci à vous !

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