Écrire ou courir, rien ne sert de choisir !
Samedi 19 mai 7h - Le soleil se lève sur Paris comme si le ciel était assez clément pour offrir aux pauvres novices du triathlon que nous sommes, un temps radieux au milieu d’un mois pluvieux !
L'excitation est à son comble, je n'ai qu'une envie : être dans la course, sentir les sensations et dépenser toute l'énergie que j’accumule depuis un mois. Grâce à notre coach, nous savons ce qu'il faut faire, comment organiser et disposer nos affaires dans le parc à vélo, comment enchaîner les disciplines. Oui mais quand il s’agit d’une première fois, quelle angoisse !
La peur s’en mêle évidemment, mais l’excitation est la gagnante ! Je n'ai plus qu'à affronter mon appréhension de l'eau et tout à coup je remonte le temps et me souviens qu’il y a 5 ans je fumais encore mes deux paquets de cigarettes quotidiens, que je n’avais aucune activité sportive dans ma vie. Depuis ces cinq dernières années j’ai gravi chaque marche une à une en remplaçant la nicotine par l’endorphine : première inscription à la course de la Parisienne (6 km), puis à la Human Race (10 km), le semi-marathon de Paris (21 km), passer le cap et courir mon premier marathon (42 km) à Sénart et souffrir le martyre jurant qu’on ne m’y prendrait plus ! Et pourtant l’année d’après je courais le marathon de Paris avec une facilité insoupçonnable tout en faisant un temps honorable.
Puis, mon entourage me tente avec l’idée folle de courir un « petit » triathlon, oui mais un triathlon quand même ! Je relève le défi alors que j’ai horreur de nager dans une eau trouble et que je ne pratique que la brasse coulée lorsque je nage à la piscine pendant les vacances ! C’est dire le niveau !
Mais les défis à relever sont mes leitmotivs, le dépassement de soi une raison d’être…
J’oublie les poissons lacustres, j’entends le décompte, les encouragements de ma famille et de mes amis, les battements de mon cœur, l’eau froide et marron claire, JE PLONGE avec la centaine de participants en me disant que je suis folle, mais que j’aime cela ! Incapable de m’élancer dans un crawl, je nage la brasse coulée en essayant de garder mon souffle tant le froid et l’excitation me saisissent en même temps. Tous ces bonnets jaunes qui me dépassent… tant pis… respire, avance et oublie cette couleur marron qui t’empêche de voir à 20 cm. Un coup d’œil en arrière, je vais mieux, d’autres sont derrière ! Mais tant d’autres sont devant… Peu importe, le principal est d’arriver, de ne pas couler ici en plein milieu du lac. Qu'il est bon de voir la plage et ces oriflammes qui dansent avec le vent. Que la vie est belle lorsque mes pieds touchent le sol, que j’entends mon prénom et que mes supporters sont là en criant « c’est bien fonce ! »
Courir, défaire ma combinaison en même temps, arriver devant mon vélo, me sécher, mettre mon t-shirt, mon casque, les lunettes, attacher la jugulaire, mettre mes chaussures, décrocher mon vélo, courir à côté, crier pour sortir les lions qui grondent dans mon ventre, ne pas glisser avec ces chaussures bizarres, dépasser la ligne bleue, monter et pédaler à fond, toujours plus vite, remonter la file, se faire dépasser, remercier les bénévoles qui stoppent la circulation, se faire dépasser encore, en dépasser d’autres, se dresser sur les pédales pour surmonter les ascensions douloureuses, apprécier le plat et le paysage par la même occasion, remercier le bon Dieu pour tant de beautés. Tirer, pousser sur les cuisses et me répéter inlassablement que j’ai de la chance de vivre de tels moments, de sentir les parfums du monde, d’admirer ses couleurs et ses fleurs…
L’arrivée de la seconde épreuve est imminente… attention… Trois, deux, un je décroche un pied, puis l’autre et la joie me submerge lorsque j’entends « Bravo Gwenn tu es la 6e femme ! » Tout n’est pas fini, il va falloir courir à présent, mais avant : on rentre dans le parc à vélo, on détache la jugulaire du casque, on change de chaussures, on boit et on repart ! Je suis portée par une force tellurique qui m’exhorte à tous les combats ! Je crois voler au-dessus de la terre et pourtant je comprends vite qu’il va falloir ralentir pour récupérer un souffle vital ; mes jambes sont parties trop vite. Je ralentis pour retrouver ma respiration, mais l’esprit de compétition est plus fort, je rêve de gagner une place, je me décale et aperçois une femme au loin. C’est possible, je peux la rattraper. Le souffle à peine repris, j’allonge ma foulée, la distance est réduite entre nous et les kilomètres passent sous mes pieds comme des obstacles grandissants. Je passe ma concurrente en maintenant mon allure, l’arrivée est proche : 2 km ! Il faut tenir bon, ne rien lâcher jusqu’au bout, car je ne sais pas qui j’ai derrière moi. Moins d’une heure trente, je l’ai fait, sans souffrance, avec une volonté féroce et une joie démentielle. Me voilà 5e femme de la course pour mon premier triathlon « découverte » !
Que c’était bon !
Il fallait le trouver ce nom de village "HAM" !!!
RépondreSupprimerWouah...
RépondreSupprimerBravo, bravo et encore bravo. kel ténacité, kel courage, kel humanité. J'ai parcouru ces lignes en vivant chaque pas, mon cœur battant la chamade. J'imagine les sensations que tu as dû ressentir, j'aurai aimé être là pour t'en prendre un petit peu et en échange je t'aurais accompagnée, encouragé de toute mes forces.J'aurai eu sûrement peur pour toi, en te voyant te lancer dans cet eau maronasse, mais c'est assurement avec fierté, que je t'aurai regardé la vaincre, peu importe le "style" de nage, même le ciel t'était favorable. Enchaîner une à une ces Epreuves pour la première fois, relèvent effectivement de l'exploit, il faut vaincre ses peurs et savoir économiser ses forces, être audacieuse et tu l'es ! Entrevoir cette ligne d'arrivée, doit être magique. Merci encore ma gwenn de nous avoir fait partager ton exploit, merci pour ta plume..