Il y a
six ans j’écrivais la biographie de Chico, le fondateur des Gipsy Kings, je
découvrais un personnage surprenant par sa richesse, ses lourds secrets sur son
frère assassiné par erreur par le Mossad, son intégrité et son besoin quasi
pathologique de semer la paix !
Nous
avons toujours maintenu le contact après notre collaboration sur ce livre. A
connaitre sa vie intégralement, nous sommes devenus naturellement des amis.
Six ans plus tard, je suis attablée au Patio de Chico. Je ne suis plus la biographe qui traquait les moindres détails, mais une simple spectatrice ravie d’assister au show de Chico et les Gypsies.
Rien n’a changé.
Surtout
pas leur musique, qui vous frappe avec la même émotion, puissante et enivrante.
Quant aux personnages du groupe, ils sont toujours aussi sympathiques et
animés. Kéma « la main blanche » est immuable dans son rôle de
guitariste de génie. Digne petit-fils de Manitas, ses doigts glissent,
accrochent, pincent et bousculent à vive allure les cordes de sa guitare.
Chico
a réussi à maintenir la cohésion du groupe, même si Manolo (l’ancien chanteur) les
a lâchés pour une herbe soi-disant plus verte. Joseph et Mimoun ont cependant
repris le flambeau avec panache. Rey s’enflamme avec fougue lorsqu’il prend le
lead, tandis que Babato et Tané ont conservé leur même humilité et leur sourire
enjôleur. Piwi, le violoniste tzigane est épatant. Son rythme nous entraîne et
nous soulève. Sa musique charrie les guitares et frôle les aigus avec une
dextérité insoutenable. Derrière ces instruments, ce sont les hommes, créateurs
de tant de beautés qui enchantent le Patio de Camargue ! J’aime cette idée
que l’homme est capable de magnifier son existence, qu’il peut créer de la
magie, simplement parce qu’il y met son savoir et tout son cœur.
Les
guitares qui vont qui courent, qui chassent la peine, qui s’invitent à notre
table avec élégance.
Adieu
les emmerdes, les maladies, les colères et l’injustice, nous avons quitté la
terre ! Accrochés à des chevaux empreints de liberté, nous galopons au
rythme des notes gitanes.
Lorsque
Chico me rejoint à table à la fin du spectacle, après qu’il ait signé ses
autographes, posé pour des fans, il me demande avec son accent provençal :
« On t’inspire toujours autant dis-moi ? » J’avais oublié à quel
point cet homme voyait tout. J’en conclue qu’il m’a donc vue noircir les pages de
mon carnet depuis la scène. En effet j’ai eu besoin d’exprimer mes émotions en
les écoutant, parce que leur musique m’enivre et que j’ai pour seul instrument
mon stylo ! Probablement aussi parce que ma vie de biographe a commencé
ici, avec Chico, il y a 7 ans –
Grâce à cette rencontre, mon existence a pris tout son sens.
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