jeudi 1 juillet 2010

Playing for change


20h devant la Cigale.
Nus pieds, jupes, pantalon en lin, débardeurs, éventails, on a très chaud, mais ce n’est pas grave, nous allons assister au concert de Playing for change.
Discrètement, sur la droite, un vieux monsieur à la barbe blanche et fournie, vêtu d’une salopette en jeans et d’un t-shirt rouge, avance à tâtons accompagné d’un guide ; les deux hommes passent par l’entrée des artistes. La foule chuchote:
« c’est Grandpa » !
Tous le reconnaissent, parce que la vidéo de « stand by me » a déjà fait le tour de la planète. Et tous ceux qui sont là ce soir savent que Grandpa est un Noir-Américain de la Nouvelle Orléans, qu’il a une voix céleste, qu’il est aveugle et qu’il chantait avec son harmonica dans les rues, jusqu’à ce que l’équipe de Playing for change ne l’embarque dans leur projet. Cette belle association créée en 2007 est avant tout une entité séparée, à but non lucratif, destinée à venir en aide aux communautés rencontrées lors de leurs voyages. Ainsi elle se consacre essentiellement à la construction et au développement d'écoles de musique dans plusieurs pays: l'Afrique du Sud, le Mali, le Ghana ou le Népal.

Après avoir projeté un film résumant cette fabuleuse histoire, la salle entière de la Cigale est prête à savourer le show de tous ces musiciens issus des 4 coins du monde, unis pour la paix au travers de la musique.
Tous les artistes sont sur la scène, y compris Grandpa qui est installé sur sa chaise, sa canne blanche laissée à ses pieds. La foule est en liesse, un standing ovation leur est adressé. Que ce soit Clarence Bekker (chant), Grandpa Elliott (chant, harmonica), Tal Ben Ari "Tula" (chant), Mermans Kenkosenki (chant, congas), Titi Tsira (chant), Jason Tamba (chant, guitare acoustique), Pierre Minetti (chant, guitare acoustique), Bhekani Memela & Sinamuva (choeur), Reggie McBride (basse, choeurs), Hugo Soares (chant, guitare acoustique), Rajhesh Vaidhya (veena), Louis Mhlanga (guitare électrique), Roberto Luti (dobro), Stefano Tomaselli (saxophone alto), Steve Molitz (clavier), Peter Bunetta (batterie), François Viguié (percussion), Mohammed Alidu (talking drum, djembe) et Venkat (percussion), c’est un festival de joie et de talents réunis.
Quelle union, quel rythme, quelle chaleur !!!
Et dire que certains d'entre eux faisaient la manche il y a encore quelques mois. A quoi pense Grandpa en ce moment, face à son public qu'il ne peut pas voir ? Que ressent-il ici et sur toutes les scènes du monde, alors qu'il connait le succès à plus de 80 ans ! Se dit-il que le Seigneur est un sacré farceur de l'avoir laissé chanter dans la rue pendant tant d'années, pour lui accorder tant de faveurs aujourd'hui ? (En voilà une belle biographie !)

Il faut les voir bouger au rythme du djembé, de la guitare, de l’harmonica, de la batterie, mais surtout il faut les entendre chanter, car il y a quelque chose de divin qui s’est posé au-dessus de leurs têtes.
C’est étonnant de voir la Paix, fabuleux d’avoir l’impression qu’en effet, les êtres humains du monde entier peuvent s’unir autour de la musique !
Il faut vraiment les voir.
C’est si bon cette énergie qui circule dans cette salle qui ressemblait à une étuve entre la chaleur de ce 30 juin 2010, nos émotions, leur puissance et tout cet amour pour la musique.

Je n'avais qu'une envie durant ce concert mirifique: découper le toit de la Cigale pour faire exploser tant de magie au reste du monde…

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