Découverte sous un air de famille
D’une fratrie couleur ébène
Un hymne à l’amour pour les uns,
Un cri de douleur pour les autres
Et Dieu qui réunit…
Hier soir à la Bellevilloise quelque chose s’est passé,
Pire que le journal de 20h,
Toute la beauté du monde et ses cruautés
Tant de rythmes et d’influences
Tant de poésie et d’élégance
Leur musique qui coule dans nos veines
Je m’émerveille face à eux :
Nèfta Poetry, ses frères Asaliah Gad, Loco Bone, ses sœurs d'âmes Ferricia Fatia et Sista Jahan, mais aussi Gerald Toto
Happée par ses mots et frustrée de les savoir écorchés par les bruits alentours,
J’ai acheté « Ombres », le recueil de Nèfta Poetry et j’ai plongé…
Son premier texte absorbé, ses termes taillés à la serpe, à peine digérés,
Il m’a fallu attendre avant de continuer.
Elle qui violence, moi qui romance,
J’ai perdu l’habitude d’avoir mal.
Je vous laisse découvrir le texte de cette artiste LIBRE :
A LA FAVEUR DE LA NUIT…
A la faveur de la nuit, sur ma natte avachi,
J’échappe à une existence de labeur et de cris,
Et mon corps engourdi s’abime dans un lénifiant oubli
Mes songes sont bleus… azur, célestes, lapis
Tel cet infini céruléen qu’à mes aïeux j’envie,
Qui des morts est le pays, mais un apaisant abri aussi
Où je verrais le monde contre des chérubins blottis…
Des champs d’indigo et de lavande fleuris
Ravissant mes sens, ondoyant sous la pluie
Des vagues vert d’eau ! Je les éventre, leur souris.
Un château ou un berceau de sable ! Euphorie.
DE ces jeux innocents, éclats de rire, espiègleries !
Rire et rire encore à m’en rompre la rate ! Oui !
Mes songes me mènent chez Winnie et Bambi
Mes songes de bleus… azur, célestes, lapis
Mais le coq chante déjà et mon évasion s’évanouit…
Je veux éviter ses yeux par la canne rougis
Globuleux, hépatiques, jaspés de sang cuit
Car chaque soleil nouveau me trouve racorni
Par le fardeau de mes besognes accomplies.
Je ne cède ni à la nonchalance, ni à l’oisiveté ni à l’apathie
Ou je me retrouverais bien vite violemment agoni
Le cuir tanné ! Matraqué par ce bras qui punit !
Des plaies rouges marbrées, roué de fatigue, flapi
Champs de coton et mes mollets en charpie…
Pauvre diable, soubrette domestiquée corvéable à merci
Restavèk, reste avec ton bourreau, elle me dit
Et vous me demandez comment vais-je aujourd’hui ?
Mwen la…
Pa pi mal…
Ka kenbé
J’accepte ce sort avec philosophie
Car le jour qui point, je n’attends que la nuit
Qui à ma vassalité et à sa tyrannie me ravit
A la faveur de la nuit…
Papa, maman
Laissez-moi mon innocence
Papa, maman, si loin de moi la sénescence
Pourtant je perds mon élixir de jouvence
Adultie, pubescence, avanies, turgescence
Mais j’aimerais tellement vivre mon enfance.
Papa, maman
Laissez-moi vivre mon innocence
S’il vous plait comme tous les enfants
J’ai tant besoin de votre amour
Papa, maman, laissez-moi vivre…
A la faveur de la nuit, sous mes draps blottie
J’étreins tout mon corps tremblant et je prie
Mes yeux plissés, j’adjure, conjure et supplie
Les mains tissées en prière, fœtale, en repli
Enfin engourdie, la peur m’offre un répit…
Enfin endormie, mon lit un refuge cette nuit ?
Trouverais-je quiétude en cette heure qui m’occit ?
Apathique, apaisée, ma chair s’amollit,
Spongieuse, avinée et imbibée d’eau-de-vie
Mon corps abdique, lâche prise, sans vie,
Mon esprit ankylosé, tout renie, s’engourdit,
Loin du réel que j’exècre, je me crois bannie,
Mes veines rubescentes, en feu, d’ambroisie
Je me sens de toutes contraintes affranchie
Mais ce n’est qu’illusion, une vue de l’esprit
Car je sombre juste en mes morphéiques rêveries,
Quand j’effleure mes oniriques songeries,
Esquisse de mes psychédéliques utopies,
Que la porte grince, couine. Il entre en catimini.
Ses mains : l’une, intuitive, étouffe mes cris
L’autre, rapace, accroche mes cuisses meurtries.
« Chut… Silence. Papa t’aime ma petite chérie »
Il besogne, tant et tant, sa jouissance assouvit.
L’écume aux lèvres, mon pubis, il s’erfouit.
Il voudrait feulements, mais somnambulique je suis.
Point de vagissements du déhiscent vagin. Mon Kwi.
Volé, contus, suinte. Moi sous hypnose. Lui qui jouit.
Visiteur de mes nuits, le jour père qui sourit
Se retire, s’évanouit, « Silence mon petit canari ».
Le crépuscule annonce ma quotidienne agonie
Et ma mère qui m’accuse de pudibonderies !?
Je bois pour que cela cesse. Adulte je m’enfuis !
Mais pour l’heure… A la faveur de la nuit…
Extrait du livre
« Ombres » de Nèfta Poetry
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