jeudi 27 septembre 2012

Chico & friends


Il y a six ans j’écrivais la biographie de Chico, le fondateur des Gipsy Kings, je découvrais un personnage surprenant par sa richesse, ses lourds secrets sur son frère assassiné par erreur par le Mossad, son intégrité et son besoin quasi pathologique de semer la paix !

Nous avons toujours maintenu le contact après notre collaboration sur ce livre. A connaitre sa vie intégralement, nous sommes devenus naturellement des amis.


Six ans plus tard, je suis attablée au Patio de Chico. Je ne suis plus la biographe qui traquait les moindres détails, mais une simple spectatrice ravie d’assister au show de Chico et les Gypsies.



 
Rien n’a changé.
Surtout pas leur musique, qui vous frappe avec la même émotion, puissante et enivrante. Quant aux personnages du groupe, ils sont toujours aussi sympathiques et animés. Kéma « la main blanche » est immuable dans son rôle de guitariste de génie. Digne petit-fils de Manitas, ses doigts glissent, accrochent, pincent et bousculent à vive allure les cordes de sa guitare.

 

Chico a réussi à maintenir la cohésion du groupe, même si Manolo (l’ancien chanteur) les a lâchés pour une herbe soi-disant plus verte. Joseph et Mimoun ont cependant repris le flambeau avec panache. Rey s’enflamme avec fougue lorsqu’il prend le lead, tandis que Babato et Tané ont conservé leur même humilité et leur sourire enjôleur. Piwi, le violoniste tzigane est épatant. Son rythme nous entraîne et nous soulève. Sa musique charrie les guitares et frôle les aigus avec une dextérité insoutenable. Derrière ces instruments, ce sont les hommes, créateurs de tant de beautés qui enchantent le Patio de Camargue ! J’aime cette idée que l’homme est capable de magnifier son existence, qu’il peut créer de la magie, simplement parce qu’il y met son savoir et tout son cœur.

 

Les guitares qui vont qui courent, qui chassent la peine, qui s’invitent à notre table avec élégance.

Adieu les emmerdes, les maladies, les colères et l’injustice, nous avons quitté la terre ! Accrochés à des chevaux empreints de liberté, nous galopons au rythme des notes gitanes. 

 

 
Lorsque Chico me rejoint à table à la fin du spectacle, après qu’il ait signé ses autographes, posé pour des fans, il me demande avec son accent provençal : « On t’inspire toujours autant dis-moi ? » J’avais oublié à quel point cet homme voyait tout. J’en conclue qu’il m’a donc vue noircir les pages de mon carnet depuis la scène. En effet j’ai eu besoin d’exprimer mes émotions en les écoutant, parce que leur musique m’enivre et que j’ai pour seul instrument mon stylo ! Probablement aussi parce que ma vie de biographe a commencé ici, avec Chico, il y a 7 ans –

Grâce à cette rencontre, mon existence a pris tout son sens.