jeudi 8 novembre 2012

Les derniers jours de Stefan Zweig



Faut-il avoir lu l'ouvrage de Laurent Seksik racontant le dernier amour de Stefan Zweig, écrivain des temps modernes, et de Lotte Altman, sa jeune épouse souffrante ?Peut-être pas.
Faut-il avoir été séduit par les œuvres du célèbre auteur pour apprécier cette pièce et mieux ressentir le désarroi des derniers jours de Zweig ?
Je n'en suis pas certaine non plus.

Faut-il savoir que c'est avec désespoir qu'il a perçu la montée du nazisme et la menace d'un nouveau conflit à la fin des années 1930, que l'auteur du "Joueur d'échecs" a fui l'Europe pour le Brésil ?
On le comprend parfaitement dans la pièce.
Les acteurs se suffisent à eux-mêmes et nous font voyager dans leur tourmente avec brio.
Oubliez Patrick Timsit et son humour habituel, sur les planches du théâtre Antoine, sa neurasthénie et sa souffrance, vous colleront à la peau.
Oubliez la belle et séduisante Elsa Zylberstein, pour admirer Lotte, son abandon, sa douce folie et sa passion pour son écrivain.

Si je ne devais retenir qu'un seul rôle dans cette pièce dramatique, ce serait celui d'Elsa Zylberstein... merveilleuse dans ce jeu, bouleversante de sincérité. Tout nous fait mal : ses cris, sa naïveté, sa candeur, ses rires, ses pleurs, son admiration sans limites pour son homme, sa jalousie et même sa minceur qui nous heurte.

Elsa Zylberstein m'a fait penser à Nicole Kidman interprétant Virginia Wolf, dans ce film fabuleux "The hours", cette même coiffure ingrate : avec ses cheveux plaqués et attachés en chignon bas et cette raie au milieu, avec ce même désenchantement final et cette folie qui n'est pas animée par la même tourmente, mais qui déchire le personnage de haut en bas.
Allez voir cette pièce, pour un devoir de mémoire certes, pour Zweig évidemment, mais aussi pour les deux acteurs principaux : Timsit et Zylberstein.

N'ignorons pas les trois autres personnages secondaires qui ne déméritent pas : Jacky Nercessian (juste et touchant dans son rôle tant cynique que sympathique), Gyselle Soares (parfaitement expressive, malgré son incapacité à parler la langue de ses nouveaux maîtres) et Bernadette Rollin (abominable logeuse)

Tout s'arrête ici à Pétropolis, le 22 février 1942…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire