mardi 19 mai 2009

MARATHON du 1er mai

Peu après le semi-marathon de Paris en mars 2009, j’avais lancé un appel aux amateurs d’endurance pour m’accompagner au marathon de Lyon, le 26 avril dernier !
Je dois vous le dire : vous avez bien fait de vous abstenir. Quel flair !
J – 6 les organisateurs envoyaient un mail aux quelques 4 000 participants, pour tenter de leur expliquer l’annulation de cette course :
« … Lyon Athlétisme, co-organisateur du Lyon marathon avec Canal + Events, a renoncé à l’organisation de cette manifestation… »
Mais comment est-ce possible ? Une si grande ville, un tel événement, le tout annulé par mail à 9h17 le 20 avril !
Face à ce courriel la colère monte, mon curseur descend et monte incessamment dans l’espoir de trouver le canular dissimulé entre les lignes. Malheureusement je ne détecte rien, si ce n’est une désillusion énorme. Mon premier marathon, celui pour lequel je m’entraîne depuis des mois, vient de s’envoler en fumée.
FAUX DEPART !
Les muscles tendus, le mental obnubilé, le cœur entraîné, glucides et féculents digérés, baskets lacées, faut-il tout arrêter ou trouver une solution de repli ?
Il m’est impossible de rester ainsi dans les starting-blocks, sans jamais démarrer.
Moteur de recherche : MARATHON – FRANCE – DEBUT MAI
C’est ainsi que je découvre le marathon de Sénart (91). Confirmé par le staff du magasin « Planète Jogging » avenue de la grande armée à Paris, je m’inscris pour la seconde fois à mon premier marathon. Heureux hasard : à Lyon, le dimanche 26 avril, il a plu des cordes
et le 1er mai, la région de Sénart étincelait sous les doux rayons du soleil .
Toutefois les conditions météorologiques ne font pas tout, il faut courir ces incroyables 42 km et 195 mètres.
8h50 je suis au milieu des marathoniens et j’ai en tête ce à quoi il ne faut pas penser : faire un temps. Mais qui n’y songe pas ici ? Moi je vise les 4 heures !
4 heures de course à pieds, je ne sais pas comment mon corps va réagir, je ne sais pas ce qui se passe au-delà de 2h30, je n’ai jamais couru davantage en une seule fois. Quelle excitation !
J’entends encore la voix de coureurs expérimentés qui me conseillaient pour cette course : « Prends un maximum de plaisir et surtout ne pense pas au chrono. Respecte ton cardio. »
La voix de la raison se dissipe peu à peu en voyant les « hommes-drapeaux », ceux qui indiquent le temps qu’ils vont faire. Si je suis ce coureur qui indique 4h sur son fanion, alors j’arriverai à relever mon défi-temps.
9 heures top départ. Quelle adrénaline de laisser derrière moi l’indication des 4h et ce, durant les 18 premiers kilomètres. Un réel bonheur, les jambes légères, un temps idéal, un cadre vert et bio, des villages, des champs de colza jaunes éclatants, des ronds-points pour un oui pour un non, sans aucune voiture et le tout sans bousculade puisque nous ne sommes que 1 500 participants.
Mais le corps est une machine complexe dont on ne maîtrise que bien peu le fonctionnement – sans aucune raison - une douleur vient me couper le bas du ventre, me fait plier en avant sur un kilomètre, jusqu’à me provoquer un point de côté insurmontable . Ainsi je passe 2 km à me demander si je peux vraiment continuer. Mon repère des 4 heures et son peloton me dépassent avec une facilité déconcertante. J’en suis malade ! Mes jambes et ma tête sont en pleine forme, pourtant sans le souffle plus rien n’est possible. C’est à cet instant-même qu’il faut cesser de ne compter que sur soi et prendre en grande considération le soutien des autres. Grâce à mes amis si précieux, venus pour me soutenir, ils constatent mon état et courent à mes côtés en tentant de me remonter.
20 km - je comprends que le mental peut sauver le physique ; j’écoute leurs phrases sensées : « Ne cherche pas à faire un temps. Il faut que tu tiennes jusqu’au bout ! »
21 km - j’ai retrouvé mon souffle, sauvée pour les 10 prochains kms. Je crois encore plus en ma devise « seul on n’est rien » !
Malheureusement, je suis partie trop vite sur les 15 premiers km, il y aura par conséquent un retour de bâton ; je m’y prépare.
30 km - mon équipe de choc agite ses banderoles, souffle dans les sifflets, scande mon nom ; c’est de l’énergie en barre, une drogue qui me donne la chaire de poule, être soutenue ainsi me donne des ailes, j’ai l’impression de voler, lentement c’est certain, mais je me sens au-dessus de la terre malgré tout ! Tout va bien, mon allure n’est pas extraordinaire, pourtant j’ai la certitude « d’avoir assez de jambe » pour les 12 km restants ; 12 km ce n’est rien en temps normal, je les ai courus plus de 100 fois.
Le temps passe beaucoup plus lentement à présent, mes pieds se lèvent moins, mes pas sont plus courts, les ravitaillements deviennent des oasis en plein désert. Surtout je ne dois pas m’arrêter, car mes jambes se raidissent comme du durcisseur sur de la pâte à bois ; j’ai deux troncs d’arbre accrochés à mes hanches.
Les lignes au sol indiquent chaque kilomètre franchi, les yeux rivés parterre, je ne vois plus qu’elles !
35 km – il se passe quelque chose de différent entre le bas et le haut de mon corps ; la partie inférieure ne m’appartient plus, c’est un automate qui a pris le contrôle. Je n’ose pas lui demander comment il fait pour avancer, de peur qu’il ne s’arrête.
37 km – C’est affreusement long ! Je finis par penser qu’il faut être dingue et maso pour participer à une telle aventure. Trop de participants marchent au lieu de courir et cette vision finit par m’oppresser. A quand mon tour ? Quand est-ce que mes jambes ne supporteront plus ce rythme ?
39 km – Je maudis ces pavés qui sortent tout à coup du sol. Ça fait un mal de chien de courir sur cette surface, je préfère encore les caniveaux étroits ! J’ai peur de tomber et de ne plus pouvoir me relever. Vite le bitume ! Des supporters sont sur le parcours et nous encouragent encore et toujours ; je trouve à peine la force de leur sourire.
J’y arriverai je le sais, mais à quel prix ? Je suis dans un état second et passe au-dessus de ma raideur et des quelques douleurs aux pieds, au genou et à la hanche. Dorénavant mon bassin guide ma foulée, c’est lui qui emmène mes pas. Je
craque nerveusement de ne jamais apercevoir l’arrivée, alors que la ligne des 40 km est bien passée. Je veux voir le bout !
42 km – Une immense descente avant d’entrer sur le stade de Combs-la-Ville ! insupportable ! Plus aucune flexion des genoux n’est envisageable, je n’ai donc plus d’amortisseur. Chaque talon posé au sol s’écrase violemment en me lançant des décharges dans la colonne vertébrale. Je sens la fin, mais je ne la vois toujours pas. Heureusement ma fidèle équipe est là pour cette pente infernale :
« Tiens bon ! Il te reste 300 mètres ! T’es la meilleure ! »
L’un crie pour que je l’entende, l’autre me tend son bras. J’y arriverai, même si j’ai l’impression d’y laisser ma peau, mes jambes et mon cœur.
L’entrée du stade, les gens, les applaudissements, le souffle court, l’émotion qui me submerge, les larmes qui me brûlent les yeux, mes jambes qui avancent toutes seules. Enfin je vois cette foutue ligne d’arrivée ! J’ai réussi merci mon Dieu de m’avoir porté jusque là.
42.195 km – 4h05 min – je penche la tête pour recevoir ma médaille en Lalique.
10ème marathon de Sénart.


2 commentaires:

  1. Quel courage et quelle abnégation ce marathon!!!

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  2. 4H15...mais c'est une gagnante notre chere gwenndoline
    waaaaa je suis admirative! tu m'as fatiguée rien qu'à te lire , j'en ai eu mal aux jambes et je transpirais poouuuuffff
    YOU ARE THE BEST!

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